jeudi 22 janvier 2015

Les figures archétypales de la femme séductrice

Premièrement , une femme fatale est une femme attirante et séduisante, mais cependant dangereuse. Elle provoque la perdition des hommes qui tombent amoureux d’elle. Nous étudierons trois cas : Dalila , le succube et Aïsha Kandisha
Dalila  signifie « guide » en hébreu  ou « coquette » en arabe et est l'un des personnages féminins de la Bible. Celle-ci est sollicitée par les Philistins, pour qu’elle les aide à découvrir le secret de la force de Samson.Elle séduit alors Samson et essaie par trois fois de lui soutirer son secret. À chaque fois, Samson lui répond par un mensonge. Lorsque Dalila lui demande pour la quatrième fois de partager avec elle son secret, Samson finit par lui révéler que sa force lui vient de sa chevelure, car il est consacré et dévoué à Dieu. <<Le rasoir n'a jamais passé sur ma tête, car je suis consacré à Dieu depuis le sein de ma mère. Si j'étais rasé, alors ma force se retirerait loin de moi, je deviendrais faible et je serais pareil aux autres hommes.>> (Ancien testament) .Dalila le trahit. Elle l'endort sur ses genoux et rase ses sept tresses pendant son sommeil, le privant ainsi de sa force et du secours de Dieu. Elle appelle des Philistins qui lui crèvent les yeux et le font prisonnier .Lors d’un sacrifice à leur dieu Dagon, alors que ses cheveux ont commencé à repousser, il est placé entre deux colonnes et implore Dieu de le rendre assez fort. Il écarte les colonnes du palais à mains nues afin de le faire s’écrouler et tue ainsi avec lui plusieurs milliers de Philistins.
Le succube est un démon qui prend la forme d'une femme pour séduire un homme durant son sommeil et ses rêves. Les succubes servent Lilith. Des légendes racontent que le succube prendrait l'apparence d'une femme défunte et, faisant croire à la résurrection de celle-ci, s'accouple avec son bien aimé ( En l'an 1650, écrit l'exorciste Brognoli, le démon se montra à un jeune homme de Bergame sous la forme d'une fille qu'il chérissait.
« A cette vue, il poussa un cri; mais le fantôme lui ordonna de se taire, en l'assurant qu'il était sa bien-aimée, qu'elle avait fui de la maison parce que sa mère l'avait maltraitée, et qu'elle venait le voir.
Il savait très bien que ce n'était point là celle qu'il aimait, mais un démon; malgré cela, après quelques paroles et quelques caresses, il consentit à ses désirs. Le fantôme lui dit alors qu'il n'était pas sa Thérèse, mais un démon; qu'il l'aimait et que c'était pour cela qu'il le poursuivait jour et nuit. ») Une autre dit que les succubes punissent les hommes pour leur traîtrise en les charmant puis en les abandonnant. Il est à la fois redouté et désiré de ce fait , on le retrouve à la fois dans les songes et dans les cauchemars. Le terme succube vient du mot latin succuba qui signifie « concubine ». Dans la littérature arabe ancienne, le succube est connu comme « un démon femelle qui dérange les hommes pendant leur sommeil et les accompagne dans leur lit ». Au Maghreb , on les appelle al Djinns al 'achiq, ce qui signifie « le djinn ou le démon amoureux qui habite le corps d'une personne ». Les principaux attributs du succube sont la séduction, le vol et la chevauchée nocturne, son rapport à la mort et à la dévoration (de la chair notamment). 
Aïsha Kandisha est une légende qui puise ses racines dans la mythologie marocaine. L'étymologie du mot « kandisha » viendrait de l’espagnol << condesa>>(comtesse). Le mythe a la particularité de varier selon les régions du Maghreb . Dans le sud, elle prend une apparence de chèvre avec de longues mamelles et de jolies jambes de femme pour séduire les hommes et les rendre fous. Dans le nord, elle prend une apparence de jolie femme avec des jambes de bouc ou d'âne
La légende raconte qu'un homme d'une trentaine d'années, Moh, l'a rencontré : 
« Je rentrais hier chez moi [...]  j’avais donc harnaché mon pauvre mulet, encore plus fatigué que moi, et j’entrepris de traverser la forêt des Ida- ou- Kazzou ; la nuit venait de tomber mais je ne craignais rien. [..]  Mon mulet, qui fut placide jusqu’à ce moment parut nerveux ; il secouait la tête, renâclait, les oreilles dressées et rigides, comme s’il entendait quelque bruit dans cette pénombre et ce silence étranges. 

Je fus parcouru par un frisson subit lorsque il me sembla entendre une voix à peine audible gémir… Mon nom ! C’était la voix d’une femme qui m’appelait, elle semblait être dans la détresse, et je crus reconnaître son timbre si familier ! Malgré l’attitude inhabituelle de mon mulet qui s’affolait et cette voix mystérieuse et douce qui me réclamait je me ressaisis de ma frayeur et voulus découvrir malgré tout d’où venait cet appel, car une personne que je connaissais certainement avait besoin d’aide… 

Et c’est alors qu’elle m’apparut, tellement belle et saisissante, vêtue d’un voile blanc étincelant, debout à côté d’un olivier. Je sautai de ma selle [...]. Je me dirigeai, comme subjugué vers elle car sa silhouette fine, sa voix cristalline ne pouvaient être que celles d’une jeune fille que je connaissais ; j’en fus convaincue lorsque je vis son magnifique visage, légèrement éclairé par un rayon de lune ; ses cheveux flamboyants d’un roux orangé ondulaient sur ses frêles épaules et retombaient comme un châle de feu sur sa poitrine, jusqu’à ses larges hanches… Elle avança son bras gauche dénudé vers une branche qu’elle semblait tenir et tendit vers moi sa main droite en me regardant, en me souriant affectueusement comme pour m’inviter à m’approcher davantage . 

Je fis alors quelques pas vers elle et ô stupeur ! Il me sembla reconnaître nettement Danna, une jeune fille de mon voisinage, dont j’étais éperdument amoureux et que je rêvais d’épouser… Mais elle était morte depuis longtemps ! Emportée subitement par une méningite fulgurante.


Mes cheveux se dressèrent littéralement sur ma tête et mon cœur battit comme un tambour fou[...]. J’eus un éclair de lucidité et je réalisai qu’il ne pouvait s’agir que d’une seule créature, la terrible, l’ensorceleuse Aïsha Kandisha, la maudite ! Je fus liquéfié d’une terreur mortelle ; elle se rendit compte de mon effroi et cessa de sourire ; elle se fit plus pitoyable, plus cajoleuse et d’une voix déchirante elle me supplia d’approcher d’elle : « Moh, Moh, m’implora - t – elle, ô fils de mes voisins, ne me reconnais – tu pas ? Ne te rappelles – tu plus de moi ? Aide – moi, je t’en supplie, donne – moi la main… ». 

Je fus sur le point de céder à son appel irrésistible, de lui tendre ma main, je ne savais plus que faire, je récitai intérieurement des prières, ce qui me redonna un peu plus d’assurance [...] Plus je baissai la main vers ma ceinture pour empoigner mon couteau plus sa physionomie se transformait affreusement. Mon mulet derrière moi s’ébrouait, frappait le sol de ses sabots, comme s’il me suppliait de reprendre courage ; lorsque enfin je touchai la poignée de ma lame je vis son beau visage se changer en un rictus hideux et une grimace affreuse la tordre de dépit et de colère ! 

Elle détacha enfin son bras de l’arbre et s’avança lentement vers moi ; c’est alors que je pus voir ses pieds apparaître sous le drapé ample de son voile : c’était deux sabots noirs et fourchus, pareils à ceux d’un bouc, recouverts d’un poil luisant qui montait jusqu’à ses chevilles. Sa démarche était maladroite, sautillante, elle fit un bond, se rua sur moi mais avant qu’elle m’atteignit je me jetai brusquement à terre et plantai la pointe de mon poignard dans le sol ! Elle hurla de douleur comme si ce fut elle qui était touchée à mort. Je m’agrippai désespérément à la poignée de ma lame et ne bougeai plus, terrorisé, replié sur moi – même, fermant de toutes mes forces mes yeux pour ne plus voir l’ignoble créature qui se démenait autour de moi, en vociférant de fureur ! 

Je sentais l’air qu’elle remuait de ses bras et de son voile et j’entendais son terrible souffle, comme un sifflement de vipères au dessus de ma tête, ponctué de cris de souffrance. Elle me suppliait de la délivrer, en retirant la lame plantée dans le sol, car aussi longtemps que je resterais ainsi elle souffrirait et ne pourrait rien faire. Je refusai d’obéir à ses déchirantes supplications, de peur qu’elle ne tint pas parole. Je l’entendis alors me promettre tout ce que je voulais, la puissance et la jeunesse, un coffre rempli de pièces d’or et d’argent, mais rien ne m’importait plus à ce moment que d’avoir la vie sauve et que cessât au plus vite cet insoutenable cauchemar, que les choses redeviennent normales, qu’elle disparaisse au plus vite et que je l’oublie ! 

[..] Je repris peu à peu mon calme et lorsque je réalisai que tout était vraiment fini je me suis finalement relevé ; je regardai les arbres immobiles et muets qui avaient assisté à l’étrange scène, la lune et les étoiles qui continuaient de scintiller, comme d’habitude, comme si rien d’extraordinaire ne s’était passé ; puis je me rappelai d’où je venais, où j’allais, et je pensai à mon mulet. Il s’était éloigné à une petite distance et s’était mis derrière le tronc abattu d’un arganier, comme pour se protéger en se cachant là. 

[..]Je talonnai ma monture et sortis de l’obscurité lugubre de la forêt. Je savais qu’il y avait un hameau à proximité et c’est vers là que je me suis dirigé sans plus hésiter, car j’étais encore trop obsédé par l’effroyable apparition et je voulais rapidement retrouver des humains, la lumière, la vie… » 
[..]Bien des jours après cet événement Moh ne sortait plus de chez lui ; il ne travaillait plus, non par paresse ou maladie, mais sa famille désirait le préserver des grands efforts ; ils voulaient lui laisser tout le temps nécessaire pour qu’il se remette de sa terrible expérience ; en effet, il ne parlait guère, ou rarement, pour dire seulement qu’il allait bien, qu’il ne fallait surtout pas le déranger ni plus jamais lui reparler de son étrange nuit. 

Il semblait complètement changé [..] « Danna, Danna… » Répétait – il souvent, quand il se croyait seul sur la terrasse, ou dans sa chambre.[..]
Il dépérissait jour après jour, et paraissait complètement détaché du monde des vivants. Il semblait irrémédiablement perdu, "habité" comme disent les anciens[...] . »


Ensuite , aux yeux de la société , Dalila , le succube et Aïsha Kandisha sont les symboles du mal , du pêché , de la tentation. Tandis que Dalila use de ses charmes pour soutirer des informations à Samson , ce qui est assez machiavélique , les deux autres apparaissent comme un défunt être aimé , ce qui est plutôt vicieux ,malin.


Et enfin , ces trois figures ont été représentées dans les différents arts , tels que le cinéma , la littérature , la peinture, la musique... 
Pour Dalila nous pouvons trouver le tableau de Jacques François Amand , peintre français  né en 1730 et mort en 1769, qui porte le nom de Samson et Dalila.




Ainsi que le tableau de Pierre Paul Rubens , peintre flamand né en 1577 et mort en 1640 , qui se nomme Samson et Dalila.
 Dalila est aussi représentée dans un opéra français composé par Camille Saint-Saëns. La première représentation a eu lieu le 2 décembre 1877. Il se nomme Samson et Dalila.
Et pour finir Dalila est représentée dans le film Samson et Dalila de Cecil.B DeMille , sorti 1949. 

Pour le succube , nous pouvons trouver le film Incubus qui est un film américain réalisé par Leslie Stevens en 1965 . Il a la particularité d'être l'un des seuls longs métrages en espéranto. 
Ainsi qu'un roman fantastique du nom de Carmilla , écrit par l'irlandais  Joseph Sheridan Le Fanu , publié en 1972 dans le recueil In a Glass Darkly (Les Créatures du miroir).

Et il apparaît aussi dans certaines séries télévisées telles que Charmed , Sleepy Hollow , The Gates ou Lost Girl .

Et enfin , pour Aïsha Kandisha  nous pouvons la retrouver dans le film Kandisha de Jerôme Cohen-Olivar sorti en 2010 et qui s'inspire directement de la légende.

Ainsi que ces deux tableaux d'artiste anonymes .






En conclusion , ces 3 figures sont craintes par les Hommes. Elles sont viles , vicieuses et n'hésite pas à faire preuve de méchanceté. 

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